La Jungle du cinéma
Louis Delluc
Préface de Gilles Jacob
La Jungle du cinéma rassemble quatorze histoires alertes, espiègles et profondes qui nous plongent dans la vie quotidienne de l’art cinématographique. Quatorze histoires dans lesquelles les animaux tiennent le haut de l’affiche : un banc de poissons interloqués observant une caméra sous-marine, un chat amoureux de son ombre en vedette d’un documentaire, un cheval qui tente désespérément d’attirer l’attention d’un caméraman lors d’une corrida, un chien transformé en accessoire, un mulet qui rechigne à jouer dans un film… Ainsi que le souligne Gilles Jacob dans sa préface, ces textes déploient « une allégresse, une propension à sourire, rendue plus vive encore par une jubilatoire prédilection pour la forme brève ». Louis Delluc y décrit avec ferveur, humour et sincérité les coulisses du cinéma, qu’il aime en poète.
Né en 1890, Louis Delluc est tout d’abord journaliste et écrivain. Il devient critique et théoricien du cinéma en 1917 et invente alors le mot « cinéaste ». En 1921, il crée la revue Cinéa qui donne ses lettres de noblesse au cinéma. Il ouvre les premiers ciné-clubs et réalise sept films dont Fièvre et La Femme de nulle part.
Il meurt en 1924 à l’âge de 33 ans pendant le tournage de L’Inondation, dans la vallée du Rhône, les conditions climatiques ayant aggravé la tuberculose dont il souffrait depuis de nombreuses années.
Depuis 1937, le prix Louis-Delluc récompense chaque année le meilleur film français.
Éric Dussert, Le Matricule des anges
Les ouvreurs l’appellent Charlot
La reparution de La Jungle du cinéma ( 1921) de Louis Delluc {1890-1924) donne l’occasion de faire revivre cet enfant vite enfui du cinéma et de renouveler le souvenir de ses nouvelles… presque zoologiques. Ce sont presque des chroniques où un infime « rien », une anecdote offre l’occasion d’aperçus pétillants incrustés dans des récits joyeux et spirituels. Louis Delluc raconte comment bat le pouls de son époque obnubilée par les images qui bougent sur l’écran blanc. Son époque et ses contemporains qui ne sont pas tous des zèbres. Sont convoqués le téléphone de sa petite amie Annie Angé, les mémoires d’un figurant, les aventures d’un chien de cirque ou la pellicule d’un « film artistique » puisque, « dans un vil accès de reportage, j’ai voulu me documenter». Pour le coup, c’est nous qui sommes informés d’un univers alors émergeant où règnent des démiurges qui peuvent se nommer Cherner. Rappel : Cherner, c’était « l’as des as dans la confrérie des opérateurs cinématographiques, j’allais dire géographique, qui font le tour du monde et enregistrent le pittoresque universel. Quel vaste champ de rêverie que celui de ces globe-trotteurs ! On pense sans hésiter à Rudyard Kipling errant sur l’Himalaya avec un Kodak en sautoir ».
Depuis 1921, le cinéma peut nous trouver un peu blasés (voyez la ravageuse Anti-Cyclopédie du cinéma de Vincenot et Prelle, Wombat), mais le visionnage d’un film comme L’Ange blessé d’Emir Baigazin (Capricci) nous ramène illico aux meilleures pages du promoteur Delluc qui nous rend l’énergie de ses trente ans, délicieusement nimbée des « fumées de l’enthousiasme ».
ISBN : 9782373850352
Collection : La Grande Collection
Domaine : Littérature française
Période : XIXe siècle
Pages : 272
Parution : 22 septembre 2016