Juliette Haziza, Le Monde des livres
En 1934, Martha Gellhorn (1908-1998) est mandatée par l’administration Roosevelt pour écrire des rapports sur la vie des Américains touchés par la Grande Dépression. De ces rencontres, elle tire J’ai vu la misère, fiction à la frontière du reportage, calquée sur la réalité des hommes et des femmes touchés par le chômage, le déclassement et la mendicité. De Mrs Maddison, s’autorisant l’aide gouvernementale sans jamais perdre l’espoir de lendemains joyeux, à Joe et Peter, ouvriers syndicalistes soumis à l’épreuve du chômage, en passant par Jim, amené à voler pour pouvoir se vêtir convenablement lors de son mariage, Martha Gellhorn esquisse le portrait de personnages forts, émouvants par leur quête d’indépendance. Celle qui deviendra une éminente reporter, couvrant la guerre en Europe, restitue ici, fidèlement et sans pathos, la condition des gens de peu – une évocation si sensible et si vraie qu’elle nous trouble.