Isabelle Rüf, Le Temps
En 1934, la journaliste Martha Gellhorn fait partie d’une équipe d’enquêteurs envoyés par le gouvernement américain pour prendre la mesure de la crise. Ce qu’elle voit alors la choque profondément. Elle en a tiré ces récits documentés qui paraîtront en 1936.
En 1934, Martha Gellhorn rentre aux États-Unis après un séjour de trois ans en Europe. La jeune journaliste – elle a 26 ans – retrouve le pays enfoncé dans la crise qui a commencé en 1929. Pendant son absence, Roosevelt a été élu président. Au cours de sa campagne, il a promis aux dix-sept millions de chômeurs un New Deal, une nouvelle donne. Le chômage, la misère et la frustration, Martha Gellhorn les a observés en France et en Allemagne où Hitler et son parti viennent d’accéder au pouvoir. Elle est engagée dans une équipe d’enquêteurs dirigée par Harry Hopkins, conseiller du président. Il l’envoie en Nouvelle-Angleterre, au New Jersey et en Caroline du Nord et du Sud.
Tout comme les photographes Walker Evans et Dorothea Lange, le chanteur Woody Guthrie, le romancier John Steinbeck, Martha Gellhorn ressent « un choc dès les premiers contacts» écrit Marc Kravetz dans sa préface. Elle découvre l’état de santé des enfants, souffrant de malnutrition, de tuberculose, de syphilis ; les conditions de vie, l’insalubrité générale. Elle est frappée par la confiance mise dans le président mais aussi par le découragement des jeunes : « On ne trouvera jamais de travail » – et des ouvriers âgés – « Même s’il y avait du travail, il ne serait pas pour nous, on est trop vieux. »