Mes quatre semaines en France
Ring Lardner
Préface et traduction de l’anglais (États-Unis) de Thierry Beauchamp • INÉDIT EN FRANÇAIS
• Ouvrage publié avec le concours du Centre national du Livre
Avril 1917 : les États-Unis rejoignent le camp des Alliés dans le conflit mondial. Le magazine Collier’s propose alors à l’écrivain-journaliste américain Ring W. Lardner (1885-1933) de se rendre en France pour couvrir l’événement.
Après une traversée de l’Atlantique rythmée par de nombreuses consignes de sécurité et la peur constante du torpillage, Lardner se voit confronté, une fois débarqué, à l’absurdité des bureaucraties civiles et militaires, au chaos de la circulation dans Paris, aux problèmes de ravitaillement. Il raconte l’entraînement des soldats américains, celui des Maoris néo-zélandais qui exécutent un haka avant de simuler l’assaut d’une tranchée, les permissions des combattants. Il relate les conversations badines sur l’éventualité de la fin du conflit, démontre les méfaits de la censure, tient la chronique des spectacles de l’époque et des mœurs françaises…
Ring Lardner aurait pu se contenter d’aboyer avec la meute, de faire dans l’anti-germanisme primaire, mais il choisit de suivre les voies plus complexes et plus raffinées de l’ironie et de l’autodérision. Ainsi, grâce à son décalage humoristique, Mes quatre semaines en France – jusqu’alors inédit en français – offre-t-il un témoignage original et précieux sur la Grande Guerre.
Journaliste dès son adolescence, l’esprit caustique de Ring Lardner (1885-1933), sa connaissance du milieu du sport, et du base-ball en particulier, son aptitude à portraiturer ses héros lui accordent rapidement un large public de lecteurs. Dans les années qui suivent la Première Guerre mondiale, il écrit de moins en moins pour la presse quotidienne et de plus en plus pour le théâtre et les magazines. En 1924, la parution de How to Write Short Stories lui attire pour la première fois l’attention des critiques, notamment du plus prestigieux d’entre eux, H. L. Mencken. De grands auteurs comme Scott Fitzgerald, James Barrie et Virginia Woolf saluent son talent – Ernest Hemingway reconnut même s’être inspiré de lui dans sa jeunesse. Son œuvre est adaptée sur les planches et sur le grand écran. Bref, l’ancien reporter sportif devient l’un des écrivains les plus influents de l’âge du Jazz. Mais sa santé fragile et son alcoolisme chronique ont bientôt raison de lui : il meurt à 48 ans, en septembre 1933.
Ring Lardner a publié dix-huit livres de son vivant : des nouvelles, des poèmes, une pièce de théâtre, une fausse autobiographie et des parodies de contes et de romans. Jusqu’à présent, seuls trois recueils de ses nouvelles ont été publiés en France : Champion (10/18, 1999) ; Y en a qui les aiment froides (Rivages, 2006) et De l’influence négative des femmes sur les performances des champions (Bernard Pascuito, 2007).
Gilles Heuré, Télérama, TT
À la question « Aimeriez-vous aller en France ? », Ring Lardner (1885-1933), alors journaliste au Chicago Tribune et sollicité par le périodique Collier’s, répondit qu’il en serait ravi, mais qu’il avait 32 ans, une épouse « peu fiable » et « trois enfants sur lesquels on ne pouvait compter »… Autant dire que ce chroniqueur sportif, en outre nouvelliste satirique à succès, n’avait pas vraiment vocation à suivre le corps expéditionnaire américain en partance pour la France en 1917. Il embarque néanmoins en août sur un bateau « qui a à peu près le même âge » que lui et arrive à Bordeaux une semaine plus tard. La première guerre qu’il doit mener est celle qui l’oppose à l’administration et aux nombreux obstacles dont elle hérisse son chemin : laissez-passer et autorisations en tout genre. Las, Lardner rejoint enfin Paris, y observe la liberté des femmes, redoute la conduite des taxis et tente de se familiariser avec les us des Français qui ne font aucun effort pour comprendre son franglais improvisé et parlent une langue des plus singulières : « Saint Cloud se prononce exactement comme il ne s’écrit pas… » Rejoindre un camp américain s’avère plus difficile que prévu : encore des papiers à remplir, des ruses à inventer contre la censure. Ring Lardner ne verra d’ailleurs ni combats ni tranchées, et n’aura de la guerre que des échos peu fiables, s’employant à faire le tri parmi les rumeurs qui prolifèrent. C’est cette distance avec la vraie guerre qui autorise le ton souvent facétieux de cet Américain à Paris (et alentour), plus chroniqueur mondain que reporter de guerre.
ISBN : 9782373850482
ISBN ebook : 9782373850703
Collection : La Grande Collection
Domaine : Littérature étrangère, États-unis
Période : XXe siècle
Pages : 168
Parution : 20 avril 2017