Le Palmier en zinc
Marie-Noël Rio
Marie-Noël Rio nous entraîne dans le roman d’une enfance africaine, au début des années cinquante, entre une mère qui s’étiole et un père qui s’absente. Puis c’est le retour forcé en France, vécu comme un exil. Vingt ans plus tard, la narratrice repart pour redonner corps aux liens qui l’unissent au continent noir.
Née en 1944 en Bretagne, Marie-Noël Rio passe son enfance à Madagascar. De retour en France, elle est monteuse de cinéma, puis dramaturge dans le domaine de l’opéra contemporain et metteur en scène de théâtre dramatique, successivement à l’Opéra du Rhin et à l’Atelier du Rhin. Outre ses romans, Marie-Noël Rio écrit pour diverses publications – Théâtre Public, Le Monde diplomatique et Les Lettres françaises notamment ; elle est l’auteur de livrets d’opéras, de deux essais sur l’opéra contemporain, et de quatre livres de cuisine.
Bertrand du Chambon, Le Magazine des livres
Une auteure encore peu connue mais qui, je l’espère, grandira dans nos mémoires. J’avais reçu par voie postale plusieurs livres publiés par les Éditions du Sonneur, et j’avais lu le roman de Marie-Noël Rio, Pour Lili, paru en 2005, que j’ai trouvé simple et touchant. Par un heureux hasard, j’avais mis de côté, afin de le lire plus tard, le dernier roman de Marie-Noël Rio, Le Palmier en zinc, et je viens seulement de le redénicher, caché sous une pile de livres […]. Et voici un bref roman de 140 pages. Ce Palmier commence fort : « Lui, c’est l’exécré. L’homme aux culottes blanches, à la saharienne blanche, au casque blanc, aux longues chaussettes, aux sandales blanches. L’homme à la peau tannée, aux cheveux noirs collés en arrière, à l’âme pourrie. Lui, il parle rudement aux nègres, dressé devant eux dans sa morgue immaculée, il montre les caisses, les camions du bout de sa cravache de cuir noirci qu’il ne quitte jamais, dont il caresse ses mollets gainés de fil, dont il cingle parfois un bras, une épaule, des reins. » Cette tension va nous tenir en haleine durant tout le roman. La petite fille obsédée par sa mère, gorgée d’une haine farouche contre un père odieux, tourne en rond dans une Afrique fantôme où l’on n’aurait pas dû tenter de l’acclimater. Elle s’enfuit. […] J’ai dévoré ce livre d’une seule traite, ce qui ne m’était pas arrivé depuis belle lurette. Bon sang ! Cormac Mac Carthy et Marie-Noël Rio dans la même semaine ! L’année du Rat commence bien. Préparons-nous à lire navets et billevesées : les meilleurs livres sont déjà sortis.
Jean Ristat, Les Lettres françaises
Dès les premières pages, le ton est donné, la voix posée. Et le lecteur est happé, fasciné par le charme envoûtant de la narration, sensible, forte et rapide. Rares sont les écrivains capables de rendre la magie de l’enfance avec une telle force. Je ne vois que Colette à qui la comparer, par exemple celle de la Maison de Claudine. Comme Colette, Marie-Noël Rio sait, parler de l’éveil de la sensualité. Elle évoque, dans des phrases sobres, concises, les menus objets, les trésors qui composent son univers : les cigarettes anglaises que fument la mère, « rangées dans une boîte de métal rouge », les livres de la collection Rouge et Or, les crayons, l’eau de Cologne, « les savons nacrés à l’odeur de lait, polis comme des cailloux roulés par la mer, les pots de verre bleus emplis de crèmes, de poudres impalpables, les houppes de duvet qui sont comme des caresses de l’air, sans poids, sans consistance dont la douceur me fait frémir ». Comme Colette, elle dit le bonheur, parfois violent et douloureux, de toucher, de voir, de sentir. […] On le voit, ce grand et beau livre développe une leçon morale et politique, jamais démonstrative. C’est l’œuvre d’un écrivain avec lequel il faut désormais compter.
ISBN : 9782916136080
ISBN ebook : 9782373850123
Collection : La Grande Collection
Domaine : Littérature française
Période : XXIe siècle
Pages : 144
Parution : 2 novembre 2007