Je vois le monde entier, en marche pour l’Exposition universelle
Paul Eugène Poinot
1889. Paul Eugène Poinot, jeune homme de condition modeste, a dix-sept ans lorsqu’il décide de rallier à pied son village – proche de Bar-le-Duc – à Paris, pour aller y visiter l’Exposition universelle. Il passe une semaine dans la capitale, où il s’émerveille devant la tour Eiffel, le dirigeable Le France, les gondoles vénitiennes, les différents pavillons – celui de la Finlande, de l’Algérie, de la Suisse… Il rencontre des Javanais, des Patagons, des Annamites, des Sénégalais, assiste à une fête japonaise, se promène dans la galerie des Sculptures, dans celle des Modes…
Outre sa curiosité et son enthousiasme face à tant de nouveautés, le récit de son périple à pied est teinté d’une détermination réjouissante : près de six cents kilomètres aller-retour, un voyage de trois semaines, le tout conté avec précision et énergie. Une ode à la marche à pied, à la volonté, à la liberté.
Paul Eugène Poinot est né en 1872 dans la Meuse. Aîné d’une fratrie de trois garçons, orphelin de père à l’âge de 13 ans, il suit une formation de mécanicien-soudeur avant de devenir chauffeur-mécanicien du rail à la Compagnie de l’Est. Il meurt en 1935. Auteur de divers textes sur la marche, Je vois le monde entier est le premier à être publié. Sans revendiquer aucune prétention littéraire, Poinot écrivait avec humilité, dans une langue juste et précise.
Alexandre Mare, Le Monde
L’Exposition universelle de 1889, avec sa tour Eiffel, son hymne à la modernité, eut (parmi d’autres) un curieux visiteur : Paul Eugène Poinot ; ouvrier de 17 ans, parti à pied de son village meusois pour rejoindre la capitale. Sur son carnet, il va noter, avec talent, les rencontres à la croisée des chemins et le dessin des collines. En quatre jours, le voici à Paris. Cependant, à lire ce journal inédit, ce ne sont pas les prouesses techniques qui passionnent le plus Poinot, mais bien plutôt les paysages traversés pour y arriver et qui, comme l’annonce l’Exposition universelle, se verront bientôt transformés par la révolution industrielle. C’est là toute l’ironie de cet épatant petit livre : il est hymne au grappillage du raisin, à la sieste dans les champs et à la marche sans autre but que de voir le monde tel qu’il est.
Julien Bénéteau, L’Est républicain
C’est un mirage. C’est vraiment beau et quand j’y pense, cela me fait encore un serrement de cœur. » Paul Poinot a 17 ans, en 1889, quand il arrive en vue de Paris. L’ouvrier vient de parcourir tout le trajet depuis Longeville-en-Barrois, à pied. Il a marché quarante-huit heures d’affilée et trouve encore la force d’aller visiter l’Exposition universelle dans la foulée !
Paul Poinot a pris des notes, chaque jour. Son récit, il l’a même fait mettre au propre. Celle qui est à l’origine de son édition dans un chouette petit livre est Marie-Paule Mangin-Marchetti. L’ancienne antiquaire de Bar-le-Duc a hérité de tous les papiers de son grand-père. Celui qui était devenu cheminot par la suite, n’a pas cessé de tenir un journal.
« Je trouvais que ce qui était arrivé à mon grand-père méritait d’être montré », explique Marie-Paule Mangin-Marchetti. L’idée d’envoyer tout son fonds aux Archives départementales est écartée. Elle a remis au propre le récit de Paul Poinot. Un coup de pouce du hasard intervient.
Son fils, antiquaire à Paris, rencontre Valérie Millet, des éditions du Sonneur. « Il lui a fait lire. Elle a été emballée. » Paul Poinot se retrouve ainsi dans la « Petite collection » aux côtés de Jack London, Joseph Kessel ou Pierre Loti. « Je suis ravie », s’exclame l’alerte archiviste.
Son seul regret est de ne pas avoir eu la possibilité de glisser des photos dans l’ouvrage. Les aventures de Paul Poinot ne se sont pas arrêtées là. En 1892, il lit dans le Petit journal que celui-ci organise une course entre Paris et Belfort. « À cette lecture, mon cœur ne fit qu’un saut », écrit-il. Parti avec plus de 800 marcheurs amateurs, il parcourt la distance de 500 km en 171 heures. Ce récit-là reste à éditer. S’il est aussi savoureux que sa marche vers Paris, cela promet encore quelques belles pages !
ISBN : 9782373850260
Collection : La Petite Collection
Domaine : Littérature française
Période : XIXe siècle
Pages : 112
Parution : 21 avril 2016