Alexandre Mare, Le Monde
L’Exposition universelle de 1889, avec sa tour Eiffel, son hymne à la modernité, eut (parmi d’autres) un curieux visiteur : Paul Eugène Poinot ; ouvrier de 17 ans, parti à pied de son village meusois pour rejoindre la capitale. Sur son carnet, il va noter, avec talent, les rencontres à la croisée des chemins et le dessin des collines. En quatre jours, le voici à Paris. Cependant, à lire ce journal inédit, ce ne sont pas les prouesses techniques qui passionnent le plus Poinot, mais bien plutôt les paysages traversés pour y arriver et qui, comme l’annonce l’Exposition universelle, se verront bientôt transformés par la révolution industrielle. C’est là toute l’ironie de cet épatant petit livre : il est hymne au grappillage du raisin, à la sieste dans les champs et à la marche sans autre but que de voir le monde tel qu’il est.