L’Accusé
Khun Srun
préface et traduction de Christophe Macquet • Inédit
Ouvrage traduit avec le concours du Centre national du livre
Khun Srun et son œuvre sont le symbole du drame cambodgien. Le symbole d’un immense gâchis. Comment un jeune écrivain prometteur, humaniste, pacifiste, amoureux de la liberté, défenseur des Droits de l’homme, a-t-il pu rejoindre les rangs des Khmers rouges, mouvement politique à l’origine d’un des plus effrayants univers concentrationnaires que le monde ait connu ?
Début de réponse dans L’Accusé, publié en khmer en 1973, premier de ses textes à être traduit en français et qui dessine les contours de la littérature cambodgienne moderne.
Khun Srun (1945-1978), professeur de mathématiques, romancier, journaliste, essayiste et poète, fait partie de cette génération de jeunes écrivains et intellectuels cambodgiens presque entièrement décimée par la guerre civile (1967-1975) et les Khmers rouges (1975-1979). Il fut assassiné en 1978 dans l’une des dernières purges du régime de Pol Pot.
Richard Rechtman, Études
La parution de L’accusé marque une date importante dans l’histoire des rapports complexes que la France entretient encore aujourd’hui avec ses anciennes colonies du sud-est asiatique, et participe à l’heureuse redécouverte de la production intellectuelle et artistique de cette région du monde. Le jeune Khun Srun (1945-1978), intellectuel khmer nourri de culture française, de littérature et de philosophie, s’engagea très tôt dans la dénonciation de l’autoritarisme du gouvernement cambodgien de Lon Nol (président de la République khmère, 1970-1975), mais il en paya le prix fort. Incarcéré à plusieurs reprises, il conserva de ses détentions un souvenir précis qui alimenta sa prose et sa poésie. Le jeune idéaliste pacifiste rejoignit finalement la guérilla khmère rouge qui, au début des années 1970, semblait encore porteuse d’un idéal de liberté et de progrès social. Ses leaders n’étaient-ils pas, comme lui, des amoureux de la pensée française ? La désillusion fut dramatique pour tous les intellectuels ayant rejoint les Khmers rouges. Tous ont fini assassinés, comme Khun Srun, mort au tristement célèbre centre de détention et d’interrogatoire S21 de Phnom Penh. L’accusé vaut aussi pour ses qualités littéraires et l’audace de sa pensée, pour le remarquable accord d’une pensée riche, foisonnante, imprégnée de Franz Kafka et d’Albert Camus, et d’un imaginaire poétique d’une très grande sensibilité, puisé dans la culture cambodgienne. Khun Srun réussit à nous faire saisir à la fois la peur, l’incompréhension, l’indignation, la fatigue, la souffrance, parfois l’espoir, mais plus souvent la solitude et le sentiment d’abandon d’un homme livré à l’arbitraire de ses tortionnaires. Une plongée dans l’âme cambodgienne qui rejoint l’universel.
Eric Dussert, Le Matricule des Anges
Texte introuvable au Cambodge, auteur exécuté par les Khmers rouges, il fallait l'intercession d'un passionné comme Christophe Macquet, traducteur de Soth Polin, pour s'attaquer à cet opus troublant et haché par les conflits moraux. Rédigé en quatre moments par un lettré typique de sa génération, en butte au pouvoir, soumis à la censure et aux enfermements, L’Accusé témoigne du cheminement qui vit Khun Srun (1945-1978) rejoindre le régime de Pol Pot dans une étrange « fiction réelle » et en subir toutes les conséquences. « Ce petit livre, finalement, n'échappera pas à sa propre mise en accusation. (...) ! Son destin dépendra de ses qualités intrinsèques et des critères avec lequel nous le jugerons ; C’est tout à fait normal./ La vie est un procès perpétuel. »
ISBN : 9782373850772
ISBN ebook : 9782373850895
Collection : La Grande Collection
Domaine : Cambodge, Littérature étrangère
Période : XXe siècle
Pages : 128
Parution : 5 avril 2018