Albert et l’argent du beurre
Laurent Rivelaygue
Texte publié sous la direction de Marc Villemain.
Un homme se lance dans l’écriture d’un premier roman : Albert et l’argent du beurre. Rapidement, l’intrigue piétine. Débute alors une lutte sans merci entre l’auteur et ses personnages, bien décidés à recouvrer leur liberté.
Un texte incorrect et jouissif où, derrière le mordant de la farce, point un regard sur notre temps.
Né en 1970, Laurent Rivelaygue vit en région parisienne où il travaille comme graphiste et illustrateur indépendant. Albert et l’argent du beurre est son deuxième roman, treize ans après Poisson-chien, paru aux Éditions La Volte. Entre temps, il a tout de même écrit un scénario de bande dessinée, pas loin d’une dizaine d’ouvrages pour la jeunesse, un dictionnaire des mots imprononçables et quelques livres sous des noms d’emprunt…
L'Humanité • Alain Nicolas
Comme tous les auteurs, celui qui entreprend la rédaction de son premier roman a du souci à se faire. Le premier, et le plus grave, c'est la tenace indiscipline des personnages. Le phénomène est bien connu, ils ont du mal à se contenter de ce que leur accorde l'auteur. Ainsi Manon, qui change son prénom pour celui de Sophie au beau milieu d'une phrase, puis sans crier gare pour celui de Tatiana. Mais une chute de piano droit du deuxième étage l'écrabouille « sans coup férie », écrit l'auteur qui ne lésine pas sur les moyens scénaristiques pour serrer la vis à ses personnages. Ce second roman de Laurent Rivelaygue est celui d'une guerre ouverte entre un auteur et ses personnages, et, au-delà des détours de l'intrigue, le lieu d'une fantaisie linguistique savoureuse. Ajoutez à ça quelques anticipations politiques horrifiques, de vachardes allusions au monde de l'édition, et vous aurez un roman salubre et revigorant. Une lecture fortement recommandée en temps de crise.
Libération
Une femme qui change de prénom au beau milieu d'une page, ou qui demande à l'auteur d'écrire une scène de cul (« Un peu surpris par ces désidérata soudains, l'auteur dut refuser pour des raisons de cohérence du récit. »), des personnages qui ne se pressent pas pour revenir quand l'écrivain se remet à sa table de travail, l'un étant parti acheter des énièmes sardines au marché provençal, l'autre émergeant de sa chambre une demi-heure plus tard en peignoir. On est presque à la fin du chapitre 7 et le trio n'a pas avancé dans l'histoire. « Je vous signale qu'au même chapitre 7, Michel Strogoff avait déjà rencontré rien moins que le tsar, pris un train en bois de Moscou à Nijni-Novgorod, et qu'il descendait la Volga en bateau avec une poulette après avoir entubé la police. » On est loin de Jules Verne, mais cette empoignade entre le créateur et ses créatures réjouit par ses éclairs d'absurdité.
ISBN : 9782373851977
ISBN ebook : 9782373852080
Collection : La Grande Collection
Domaine : Littérature française
Période : XXIe siècle
Pages : 224
Parution : 23 janvier 2020