L’Humanité • Alain Nicolas
Comme tous les auteurs, celui qui entreprend la rédaction de son premier roman a du souci à se faire. Le premier, et le plus grave, c’est la tenace indiscipline des personnages. Le phénomène est bien connu, ils ont du mal à se contenter de ce que leur accorde l’auteur. Ainsi Manon, qui change son prénom pour celui de Sophie au beau milieu d’une phrase, puis sans crier gare pour celui de Tatiana. Mais une chute de piano droit du deuxième étage l’écrabouille « sans coup férie », écrit l’auteur qui ne lésine pas sur les moyens scénaristiques pour serrer la vis à ses personnages. Ce second roman de Laurent Rivelaygue est celui d’une guerre ouverte entre un auteur et ses personnages, et, au-delà des détours de l’intrigue, le lieu d’une fantaisie linguistique savoureuse. Ajoutez à ça quelques anticipations politiques horrifiques, de vachardes allusions au monde de l’édition, et vous aurez un roman salubre et revigorant. Une lecture fortement recommandée en temps de crise.