Franck Waserman, Trait d’Union
L’équilibre émotionnel que crée Josef Bor par son écriture est fragile, et l’on craint qu’un mot de trop de notre part ne vienne le briser. L’émotion va crescendo, et la cruauté que le texte distille est violemment douloureuse tant elle est raffinée : ce que le chef de camp avait promis, c’était de ne pas séparer les artistes. […] Cette tension d’angoisse et d’espérance, cette lutte pour la vie quand la mort est certaine, le livre des Éditions du Sonneur la restitue de manière physique. Les lettres imprimées sont d’une police petite et fine, et autour du texte, comme du satin autour d’un bijou dans un écrin, le blanc du papier renvoie au lecteur en plein visage le silence retombé. Le résumé, au dos du livre, est imprimé à la verticale. Il se poursuit sur la première de couverture toujours à la verticale. Nos repères sont abolis, comme l’idée même de sens, comme toute notion de Raison que les années du nazisme ne nous laissent pas découvrir en leur sein.