Stéphane Bou, Le Canard enchaîné
Des huit enfants du musicien Robert Schumann, aucun ne parvint à se faire un prénom. Dans ce livre singulier, chacun a droit à son chapitre, comme autant de brèves nouvelles racontant leurs petites existences anonymes, vécues dans l’ombre de leurs deux génies de parents.
Car il n’y eut pas que le père, Robert. Dans la famille Schumann, je demande la mère… Et voici la mythique Clara, une des pianiste les plus célèbres de son temps. Même si Nicolas Cavaillès est comme un spectateur de cinéma qui préfère s’intéresser aux figurants plutôt qu’aux héros, son livre est aimanté par ce personnage hors norme, cette Clara Schumann, qui gouverna son existence avec dureté, en se demandant pourquoi son monde ne cessait de s’écrouler autour d’elle. Son mari, d’abord (interné dans un asile, où il mourut) ; la plupart de ses enfants, ensuite.
Clara classait sa descendance entre forts et faibles compétents et irrécupérables. Quelques-uns s’en sortirent (un peu) mieux que d’autres, mais la succession de leurs destins se lit comme le récit d’une malédiction. Clara interdit a Félix, qui voulait devenir poète, d’écrire sous son nom : pas assez talentueux pour s’appeler Schumann.
Elle interdit à Julie de se marier : pas assez solide pour endurer une grossesse. Ludwig ? Tout le monde le trouve benêt, avant qu’on s’aperçoive qu’il est avant tout myope et sans lunettes. Il sera interné pendant trente ans. Sa mère l’a visité une fois, sans jamais plus revenir.
Elle l’appelait son « enterré vivant ».