200 chambres 200 salles de bains
Valery Larbaud
Gravures de Jean-Emile Laboureur • Préface d'Alberto Manguel
200 chambres 200 salles de bains est écrit au Palace Hôtel de Bussaco, non loin de Coimbra, au Portugal. En cette nuit d’insomnie, Valery Larbaud évoque le voyage, la vie d’hôtel et ses personnages, avec la particularité, ainsi que le souligne Alberto Manguel dans sa préface, de proposer « un livre de voyage à l’arrêt, où l’écrivain s’assied et observe tandis que le monde avance sous ses yeux comme un fleuve qui coule. »
200 chambres 200 salles de bains a été publié illustré de gravures de Jean-Émile Laboureur en 1927, avec un tirage de 300 exemplaires. Depuis, cette version était totalement indisponible.
Fils unique d’un père pharmacien propriétaire des sources de Vichy Saint-Yorre décédé huit ans après sa naissance, Valery Larbaud (1881-1957) est élevé par sa mère. Rentier grâce à la fortune familiale, il effectue de longs voyages en Europe et fréquente de nombreuses stations thermales pour soigner sa santé fragile. En 1911 paraît son premier roman, Fermina Márquez, bientôt suivi de A. O. Barnabooth. Parlant l’allemand, l’italien, l’espagnol et l’anglais, il fait découvrir en France des auteurs tels que James Joyce, Samuel Butler, Walt Whitman, William Faulkner ou Jorge Luis Borges. En 1935, une hémorragie cérébrale le rend hémiplégique et aphasique, l’immobilisant dans un fauteuil durant les vingt-deux dernières années de sa vie.
Delphine Peras, L’Express
« Je sais qu’une chambre d’hôtel a un pouvoir isolant presque illimité », écrit Valery Larbaud (1881-1957) dans un formidable petit livre paru en 1927 (réédité aux Éditions du Sonneur), 200 chambres 200 salles de bains — devise du Palace Hotel Bussaco (Portugal), où il a commencé à rédiger Barnabooth, lors d’une nuit d’insomnie. Assurément, l’hôtel semble un lieu tout indiqué à qui se pique de taquiner la muse.
Lily et ses livres
Les grands hôtels, Valery Larbaud les connaît bien, lui qui voyagea à travers toute l’Europe, lui qui, pour se remettre d’une santé chancelante, fréquenta assidument les stations thermales.
Chez soi ailleurs que chez soi, la chambre hôtel est un entre deux, un lieu pétri de paradoxes, ailleurs, mais terriblement familier, porte ouverte sur l’extérieur toute prête à se refermer au cas où… Valery Larbaud est parfois, souvent, quand la maladie l’accapare, à la lisière du monde. Souffrant, mais encore suffisamment vaillant pour rester debout, il reste en retrait, à contempler la vie des autres, les bruits derrière les cloisons. Hors du monde tout en restant plongé dans le monde.
De cet entre deux, Larbaud tire une force, une source inépuisable d’émerveillement, mâtiné parfois d’une dose d’ironie – notre homme n’est pas naïf -, il sait aussi manier le scalpel quand l’occasion ou le larron s’y prête…
Ce texte très court, presque une longue nouvelle, pourra pour certains paraître seulement anecdotique, pour les autres, les amoureux de Barnabooth, il reste sans prix, infiniment élégant et subtil.
Et bien sûr, cerise sur le gâteau, et bien plus encore, les illustrations de Jean-Émile Laboureur, le grand et magnifique graveur, accompagnent et rythment le texte, lui donnant ce petit je ne sais quoi de savoureux. Quelques traits, faussement rigides, un brin cubistes, beaucoup d’ombres et de lumières, et la magie opère, nous voilà, voyageurs immobiles, mais cette fois dans le temps, installés à la terrasse, au balcon d’un magnifique palace des années 1920.
ISBN : 9782916136103
Collection : La Grande Collection
Domaine : Littérature française
Période : XXe siècle
Pages : 64
Parution : 6 mai 2008