Clémentine Goldszal, Elle
Adapté au cinéma par Ettore Scola en 1981 sous le titre Passion d’amour, Fosca pourrait être l’écho maladif du Adolphe de Benjamin Constant. Comme son collègue français, Tarchetti y explore les tréfonds du sentiment amoureux, éclairant ses faces sombres et enfouies. Personnage féminin quasi-gothique, Fosca est chétive, d’une « laideur qui échappe à toute expression ». L’objet de son adoration, Giorgio, est certes séduisant, mais fait un bien piètre héros : veule et indécis, il se laisse entraîner dans la folie sentimentale d’une mourante, passant ainsi à côté du vrai amour, partagé et miraculeux, qui se languit de lui à l’autre bout du pays. Difficile pour le lecteur de compatir… Histoire d’un dramatique malentendu, définition de la passion comme d’une arme brandie à la face d’une cible désignée, répugnant, intense et attachant, ce livre stupéfie par son audace. Une parfaite alternative aux romans de plage à la saveur d’eau tiède.