Sylvain Tesson, Le Figaro
Marc Kravetz a publié un beau livre à la gloire de l’animal, un bestiaire enchanté. Dans Portraits d’animaux, le chroniqueur, connu des auditeurs de France Culture, construit page après…
Marc Kravetz a publié un beau livre à la gloire de l’animal, un bestiaire enchanté. Dans Portraits d’animaux, le chroniqueur, connu des auditeurs de France Culture, construit page après page une arche de tendresse où sont embarqués cochons, pandas, fourmis, et même un Dendoctronus ponderosa. Chaque histoire met en scène un animal entraîné dans une histoire étrange, cocasse ou tragique. Chez Kravetz, les perroquets dansent sur des rythmes de boys bands, les poulpes s’en vont couler d’amour dans les abysses, les grizzlis sont chassés en hélico par des viragos américaines. Il y a des monstres disparus avant d’avoir atteint notre ère, des œufs d’émeus australiens sauvés de l’omelette norvégienne et même un ministre des Finances versé dans la protection des rongeurs. Toutes ces histoires sont vraies. Kravetz les collecte, jour après jour, en épluchant la presse planétaire. Il tisse ainsi la chronique des riches heures des animaux du monde et célèbre l’immense chatoiement de la faune, la diversité des formes du vivant, l’énergie déployée par l’évolution pour explorer toutes les manières de se mouvoir, de communiquer, de s’aimer et de survivre. En face, le terne, l’unanime et uniforme acharnement de l’animal humain à ne s’entendre ni avec la Terre, ni avec les autres espèces, ni avec lui-même.