Thierry Clermont, Le Figaro littéraire
« C’est, à coup sûr, ce soir de mi-Carême, bruyant et pluvieux, que le diable entra chez nous. Je le vis. » Ainsi débute ce récit trouble et canaille, publié en 1924 et pratiquement introuvable depuis. Encore un de ces « romans musclés et pourris » à jeter à « la gueule des bourgeois »… Ici, l’auteur de Jésus la Caille et de L’Homme traqué s’en donne à cœur joie avec l’histoire du petit Claude, âgé de quinze ans, enivré, ensorcelé par les flacons, les rubans et les charmes de son aînée blonde, Mariette, une domestique qui travaille dans un petit hôtel de province tenu par la mère de l’adolescent. Rapidement, Claude cède à la « viscosité du vice » et découvre les appas de Mariette, aux vertus charnelles mais également sonnantes et trébuchantes : la soubrette fait des extras. Un roman dont les parfums attendris ou poivrés s’évaporent depuis les couplets de sacrées goules comme Suzy Solidor ou Fréhel. L’épilogue est sans surprise, avec ses « amères jouissances », mais si « carcoïen » en diable, qu’on n’y résiste pas. Aragon avait raison : « Dis qu’as-tu fait des jours enfuis / De ta jeunesse et de toi-même / De tes mains pleines de poèmes / Qui tremblaient au bout de ta nuit. »