Si tant est qu’ils soient justes, ces mots-là, pour décrire – esquisser, contourner – l’objet sur lequel, j’espère, tu auras tout de même fini par mettre la main et qui porte en couverture la promesse d’un voyage au delà du temps.
Rien que cette forêt et son voile glycine me transporte déjà dans une sorte de rêve. Je me mets en condition : pas un bruit, rien que le livre et moi.
Le livre. Et moi.
Cent-vingt pages : comment, par quel génie faire tenir le monde en cent-vingt pages ? A la fin, je pleure, doucement. C’est un bon indicateur.
Je ne t’en dirai pas trop pour ne rien gâter : il est de ces bouquins dont on préfère taire l’ampleur jusqu’à la découverte. Tu verras, je te promets : c’est une merveille.
Sache seulement qu’en plongeant dans ce texte tu auras froid, très froid, assez pour sentir ta peau se gercer et le corps durcir, bleu sous ta peau de bête. Tu auras aussi faim et tu mangeras des choses rudes, piquantes, pas là pour être bonnes mais seulement pour nourrir tes intérieurs et te garder éveillé.
Et tu connaîtras le désir.
Sans pareil, ce désir. Brûlant, acide, animal, un désir mat et plein, aveugle.
On ne sait si l’objet de ce feu est homme ou autre. Il se nomme Igor et vend du poisson séché aux êtres de la forêt. C’est peut-être le fils d’une légende. De celles qui se murmurent au coin du feu entre bouches de vieilles. De celles qui rouvrent les voies d’un passé occulte et étouffé…
Je me tais ici. La suite t’appartient.
C’est, comme on dit, une expérience. Elle secoue et interroge le souvenir, la filiation, la différence. Avec des mots simples et beaux, à lire tout haut parfois – à mettre en scène aussi, tiens, ce serait bien, une mise en scène, des couleurs et des formes.
Je prie seulement pour que ces cent-vingt pages de lumière et d’oubli retrouvent le chemin de la rotative*.
Car ce texte, je veux le porter. En faire des piles et des tonnes, et des moulinets avec les bras.
Bref, tu mesures mon enthousiasme : monstrueux.
Mot d’ordre : file chez ton libraire.