Du péril de l’ignorance
Victor Hugo
Préface de Marie-Noël Rio
En novembre 1848, Victor Hugo monte à la tribune de l’Assemblée constituante pour dénoncer une réduction de budget menaçant les arts, les lettres et les sciences. Point d’économie sur l’intelligence est le leitmotiv de son discours. Car brader la culture, c’est saboter la gloire de la nation, anéantir l’édifice social, avilir le peuple. Or seul « l’encouragement enthousiaste d’un grand gouvernement » peut lutter contre ces dangers, aujourd’hui comme hier.
Jean-Pierre Longre, Notes et chroniques
En 1848, Victor Hugo n’est pas encore un homme de gauche […]. Et pourtant… Comme le rappelle Marie-Noël Rio dans sa préface, depuis toujours préoccupé par le sort du peuple et des petits, « il se bat contre la médiocrité, la lâcheté et la bêtise ». À partir de ce moment, il se rapprochera de plus en plus de la gauche.
Parmi les discours qu’il prononce cette année-là, la « Question des encouragements aux lettres et aux arts » (10 novembre 1848), que Les Éditions du Sonneur publient avec à-propos dans leur Petite Collection, sous le titre plus ouvert de Du péril de l’ignorance. Le budget de ce qu’on appelle aujourd’hui le ministère de la Culture était alors le « budget spécial des lettres, des sciences et des arts », géré par deux ministères, l’Instruction publique et l’Intérieur. Il fallait (déjà) faire des économies ; sur quoi ? Sur (déjà) la culture… Comment ? En supprimant (déjà) des emplois… L’argumentation et la rhétorique du poète, défendant l’intelligence au nom de la morale, fustigeant l’ignorance au nom de la conscience, sont implacables, sans concessions : « Quoi ! D’un côté la barbarie dans la rue, et de l’autre le vandalisme dans le gouvernement ! ». C’est du grand Hugo, pour qui la gloire de la France ne peut aller sans l’intelligence, pour qui le développement matériel ne peut aller sans celui de l’esprit, du grand Hugo reconnaissable à son inimitable sens de la formule : « À côté du pain de vie je veux le pain de la pensée, qui est le pain de la vie ».
Toutes les époques ne sont pas égales. Entre 1848, beaucoup de choses ont évidemment changé, et il faut éviter de confondre les contextes. Mais ce discours — auquel s’ajoute, prononcé en avril 1849, le « Secours aux artistes » qui nous fait découvrir le sculpteur romantique Antonin Moine, mort de ne pas avoir été secouru par l’État — concerne en bien des points aussi notre actualité. Qu’on se le dise !
Hélène Hamon, écho-culture
Sous ce titre, est publié un discours de Victor Hugo prononcé à l’Assemblée constituante en 1848 et la réponse que fit l’auteur suite aux réactions provoquées par ce discours.
Le livre s’ouvre sur une introduction de Marie-Noël Rio qui contextualise le discours. Celui-ci apparaît au lecteur — au citoyen — d’aujourd’hui d’une incroyable modernité et d’une actualité féroce… puisqu’il est provoqué par des révisions budgétaires frappant les arts et lettres. L’auteur ne manque pas d’humour. À titre d’exemple… « Que penseriez-vous, messieurs, d’un particulier qui aurait mille cinq cents francs de revenu, qui consacrerait tous les ans à sa culture intellectuelle, pour les sciences, les lettres et les arts, une somme bien modeste, cinq francs, et qui, dans un jour de réforme, voudrait économiser sur son intelligence six sous ? » ne manque pas non plus d’efficacité qui lit, devant l’Assemblée la liste de tous les établissements qui seraient affectés par cette réduction budgétaire… ne manque pas, c’est certain, de convictions dans sa défense de la formation intellectuelle « Eh ! Quel est, en effet, j’en appelle à vos consciences, j’en appelle à vos sentiments à tous, quel est le grand péril de la situation actuelle ? L’ignorance. L’ignorance encore plus que la misère. L’ignorance qui nous déborde, qui nous assiège, qui nous investit de toutes parts. » L’édition, si elle reprend le texte, présente aussi les réactions de l’Assemblée au fil du discours, ce qui contribue à rendre vivant et présent le propos, à dessiner une époque.
ISBN : 9782916136325
Collection : La Petite Collection
Domaine : Littérature française
Période : XIXe siècle
Pages : 48
Parution : 15 novembre 2010