En quête du rien
William Wilkie Collins
Traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Anne-Sylvie Homassel
William Wilkie Collins (1824-1889) n’est pas seulement l’auteur de somptueux romans victoriens et le père du roman policier britannique. Nouvelliste de talent, il est aussi journaliste à ses heures. Et fin observateur de ses contemporains. En quête du rien est le portrait primesautier, drôle et absurde d’un homme condamné à l’inactivité et au calme dans une société qui en est dépourvue. Ou comment la tranquillité peut finir par rendre fou.
William Wilkie Collins (1824-1889) n’est pas seulement l’auteur de somptueux romans victoriens et le père du roman policier britannique. Nouvelliste de talent, il est aussi journaliste à ses heures. Et fin observateur de ses contemporains.
Franck Mannoni, Le Matricule des anges
Habitué aux longs romans qui ont fait sa gloire, aux feuilletons dont la presse était férue, William Wilkie Collins (1824-1889) fait partie de ces auteurs de l’époque victorienne qui ont su être populaires tout en étant reconnus par la critique. L’aventure, le mystère et un regard acéré sur les injustices sociales ont construit sa notoriété, à l’instar de Dickens, qui était son ami. À côté de ses œuvres majeures (Sans nom, La Pierre de Lune), figure En quête du rien, nouvelle pleine d’humour qui suit les mésaventures d’un écrivain atteint d’une étrange affection, « le mal de l’activité » aurait dit Paul Valéry. Un médecin, aussi théâtral qu’incompétent, ordonne à l’auteur une cure drastique : il pourra vivre comme il lui plaira, mais à deux conditions, « rester tranquille et ne rien faire ». […] Collins n’est certes pas un moraliste, mais il applique à sa nouvelle une morale en deux temps. Tout d’abord, l’oisiveté conseillée à son personnage mène à la déprime et à l’alcoolisme. En découle une ode au travail de l’artiste, saine activité de l’esprit, parfois condamnée par les bien-pensants.
Une profession de foi acidulée, pour un texte qui se présente comme un bonbon littéraire.
Romain Verger, Membrane
Dans ce texte initialement publié en 1857, un écrivain surmené se voit prescrire une cure d’oisiveté par son médecin : « Abstenez-vous désormais de lire et d’écrire, d’avoir des fréquentations par top excitantes ; évitez les contrariétés, les angoisses ; ne pensez plus ; gardez-vous des états de grande joie comme de la mélancolie… » S’il se prête d’abord volontiers au remède en fuyant la ville pour la campagne anglaise en compagnie de sa femme, il ne tarde pas à déchanter. Et le récit qu’il en tire et qui en constitue l’échec en est des plus savoureux.
Si l’agitation et le vacarme se dissolvent dans l’immensité urbaine, le moindre bruit lui devient ici une torture, surtout lorsque poules, chiens, joueurs de boules et ouvriers avinés (« des hordes d’indigènes aux physionomies cadavériques qui ne desserrent les lèvres que pour vider, lugubres, des chopines de grès brun et s’invectiver les uns les autres ») semblent s’être donné le mot pour caqueter, aboyer ou brailler sous sa fenêtre. On est bien loin du calme champêtre dont rêvait notre homme. Qu’à cela ne tienne ! Tous deux font leurs valises et fuient en direction de la mer. Mais c’est une autre torture qui attend le malade : celle de l’oisiveté éprouvée cette fois dans sa pesante vacuité. L’homme n’est pas poète pour un sou. Et ce qui aurait pu devenir à ses yeux une expérience purement contemplative confine au plus stérile ennui : « La mer. Oui, la mer, bien sûr. Si vaste, si grise, si calme… si calme, si grise, si vaste. Qu’en dire de plus ? Rien. »
Cet adepte de la bougeotte n’y met pas de mauvaise volonté mais sa nature l’en empêche tout simplement. Et son souci de «garder l’esprit vide» est à lui seul une occupation à plein temps qui lui use les nerfs. Sans compter qu’il a tout loisir d’observer sa femme et de la découvrir sous un jour nouveau…
Un texte enlevé et plein d’humour.
ISBN : 9782916136394
ISBN ebook : 9782373850147
Collection : La Petite Collection
Domaine : Littérature étrangère, Royaume-Unis
Période : XIXe siècle
Pages : 48
Parution : 15 septembre 2011