Filles du djihad
Tabish Khair
Traduction de l’anglais (Inde) de David Fauquemberg
Ouvrage traduit avec le concours du Centre national du livre
Deux adolescentes, Ameena et Jamilla, dans une banlieue du nord de l’Angleterre. Au gré de leurs errances sur Internet, elles entrent en contact avec Hejjiye, femme charismatique se disant à la tête d’un orphelinat syrien réservé aux enfants des combattants de Daesh, qui les convainc de la rejoindre.
À leur arrivée en Syrie, Ameena est bientôt mariée à un djihadiste, tandis que Jamilla reste à l’orphelinat où elle mesure peu à peu l’impasse terrible dans laquelle elles se trouvent. Se met alors en place un huis clos éprouvant et glaçant.
Poète, romancier, journaliste, critique littéraire, Tabish Khair est professeur de littérature à l’université d’Aarhus, au Danemark. Né à Gaya, dans le Bihar, en 1966, il a publié son premier recueil de poèmes, Where Parallel Lines Meet, en 2000 chez Penguin. Son premier roman, Apaiser la poussière, publié aux Éditions du Sonneur en 2010, fut sélectionné pour le Encore Award, prix décerné par la Société britannique des Auteurs. Il collabore régulièrement à divers journaux et magazines britanniques, américains, indiens, danois… tels The Guardian, Outlook India, Times of India, The Independent, The Wall Street Journal, etc.
Agnès Mannooretonil • Revue Études
Entre leurs familles, musulmanes et d’origine indienne, et le lycée de leur banlieue populaire en Angleterre, Ameena et Jamilla font tous les jours l’expérience pénible de la contradiction culturelle. Jamilla fait tout pour « en être », c’est-à-dire « connaître le sexe », comme l’analyse avec une détestation lucide Ameena, qui décrypte ainsi pour nous les terrifiants mécanismes de groupe où son amie se laisse humilier. Ulcérée par les codes de sa génération qui sont pour elle autant de signes de la « dépravation de l’Occident », Ameena entreprend de « sauver l’âme » de sa camarade. Sur Internet, une femme dévouée à « la cause » en Syrie la convainc d’embrasser une vie enfin libérée de ses contradictions : en quelques mois, les deux jeunes filles se retrouvent en Syrie. Le risque était grand de faire exploser un roman sur le sujet miné de la « radicalisation ». Tabish Kair choisit de s’appuyer sur l’efficacité d’une écriture réaliste, presque documentaire, qui porte un récit limité au strict point de vue de la jeune fille. Il en résulte un roman parfaitement équilibré – un paradoxe, vu le sujet. Les jeunes filles, prisonnières d’une microsociété régie par la perspective de la mort, par le fanatisme religieux et par une stricte séparation des sexes, frôlant l’absurde, découvrent un vice humain qui n’annule pas les autres aberrations de ce système de pouvoir mais qui infuse tout : la logique carriériste à l’œuvre chez les hommes et les femmes embarqués dans ce totalitarisme d’un nouveau genre ; tapie dans chaque parole et dans chaque geste, cette logique tue l’âme en tuant le fondement de la relation. Extrêmement convaincant, le récit d’Ameena glace le sang mais libère une réflexion féconde sur un phénomène épouvantable.
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MAGISTRAL. Coup de cœur absolu !
Moi l’athée, la laïque convaincue, la féministe, j’allais devoir lire ce livre qui parle de ces filles, femmes embrigadées partant faire le djihad Pourquoi avais-je donc dit oui à ce service presse ?Je l’ai donc lu… Et combien je regrette d’avoir pensé ainsi ! En y repensant, quelle imbécile je suis !
Dix chapitres où l’auteur se fait l’horloger d’un mécanisme subtil.
Trois-cents pages où la plume de Tabish Khair incise, décortique le pourquoi du comment d’un être avec sa culture, son quotidien, sa foi, ses convictions, son cheminement intérieur et ses choix décisifs qui le dirigent vers un ailleurs, une radicalisation, un extrême pour diverses raisons.
J’ai mis au placard mes idées toutes faites et j’ai suivi Jamilla et Amenaa.
Deux âmes si proches et si opposées dans leur interprétation de leur croyance.
Deux sœurs de cœur, deux amies qui nous offrent deux témoignages de l’extrêmisme religieux et aussi culturel…. mais qui nous donne le droit de juger cela « extrême » ?! C’est tout le génie de l’auteur ! A nous de revoir notre copie, de se pauser un instant et de se poser les bonnes questions…
J’en suis ressortie sonnée et bousculée, avec des questionnements autres, des évidences que je ne voyais pas et surtout LA réponse que je cherchais tant !
Un roman puissant, qui a le mérite d’exposer les faits via la vie banale, la normalité, la pensée et les actes de deux êtres engagés, qui s’interrogent, se sentent exclues de part leur culture et leur foi. Deux jeunes filles qui vont, pour des raisons différentes, partir, fuir, découvrir cet extrêmisme jugé par les occidentaux, cette différence d’interprétation de l’islam et du coran. Elles vont devoir s’adapter à une nouvelle vie avec force et courage. Elles vont se découvrir et se révéler avec leurs erreurs, leurs doutes, leurs interrogations, leurs conflits intimes. Elles vont se soumettre, se débattre, survivre, se perdre, se tromper et finalement se retrouver.
Une écriture d’une intelligence rare.
Un ton d’ironie et de malice savamment dosé.
Je n’oublierai pas Jamilla et Amenaa… Et Halide et Sabah.
MAGISTRAL. Coup de coeur absolu !
ISBN : 9782373850819
ISBN ebook : 9782373850987
Collection : La Grande Collection
Domaine : Inde (anglais)
Période : XXIe siècle
Pages : 320
Parution : 27 septembre 2018