Idées fixes, trop fixes
Arrigo Boito
Traduit de l’italien par Olivier Favier et Jacques Parsi • Postface d’Olivier Favier
Comme son frère Camillo, auteur de Senso, Arrigo Boito écrivit des nouvelles, sous l’influence d’Hoffmann et d’Edgar Poe. Des nombreux récits projetés, seuls quatre ont été retrouvés dans des revues diverses. Le Fou noir se présente comme une variation métaphorique sur le bien et le mal, à travers la description d’une fatale partie d’échecs entre un dandy blanc et un révolté noir. Le Poing fermé est une méditation sur le pouvoir de l’argent dans une Pologne à demi fantasmée. Iberia et Le Trapèze sont quant à elles inédites en français. La première se déroule dans une Espagne intemporelle, cadre de la destinée de deux enfants royaux. La seconde raconte les mémoires d’un vieux sage chinois : vendu comme esclave, le philosophe dévoile à son disciple son exil forcé au Pérou, où il eut à passer dix années de sa vie dans un cirque comme acrobate.
La renommée d’Arrigo Boito (1842-1918) est avant tout liée à la musique. Compositeur de Mefistofele et de Nerone, il écrivit pour Verdi les livrets des opéras Otello et Falstaff, tous deux d’après les œuvres de Shakespeare, et pour Ponchielli celui de La Gioconda, d’après Victor Hugo. Il fut par ailleurs l’un des chefs de file de la scapigliatura lombarde, sensibilité littéraire née avec l’unité italienne, en réaction au romantisme. Compositeur, librettiste, journaliste, polémiste, poète, Arrigo Boito fut l’un des principaux initiateurs de la littérature moderne italienne.
Isabelle Bordes, Ouest-France
Inédits, textes sortis de l'oubli, des livres choisis en tout cas. Depuis 2005, les Éditions du Sonneur soignent des réapparitions de Dumas, London, Loti, mais aussi du Tchèque contemporain Josef Bor... En mai, les élus sont Maupassant et Arrigo Boito. Ce dernier, librettiste de Verdi, se révèle un nouvelliste épatant, capable en quelques phrases d'emballer l'imagination.
Bertrand du Chambon, Le Magazine des livres
Un jeune éditeur parisien, les Éditions du Sonneur, frappé d’un charmant crapaud en couverture, nous livre maintenant le recueil de nouvelles d’Arrigo Boito. Découverte ! Du tout frais, du méconnu ! Qui s’en plaindrait ? Vingt-six pages pour la nouvelle intitulée Le Fou noir ; trente-cinq pages pour Iberia ; trente-deux pages pour Le Poing fermé ; enfin, soixante-quinze pages pour Le Trapèze. À la fin de cette dernière, de longs points de suspension, suivis de la mention de l’éditeur : « Arrigo Boito laissa ce récit inachevé » (suit une intelligente post-face d’Olivier Favier : le gaillard connaît son monde). On vous laissera donc plonger jusqu’à votre résurrection dans les idées fixes de l’honorable Boito. Compliment suprême : un peu comme lorsqu’on lit Conrad, on est fort surpris, mais on ne regrette pas le voyage ; ensuite, on veut tout relire, et tout comprendre… gageure intenable, comme pour qui s’aventure dans Au cœur des ténèbres du même Conrad. En tout cas, lisez Boito. Vous me remercierez — une fois de plus !… Et je rappelle à mes lecteurs le plus distraits que les Éditions du Sonneur avaient déjà donné le poignant roman de Marie-Noël Rio, Pour Lili, et l’extraordinaire récit de Josef Bor : Le Requiem de Terezin. Chapeau bas.
ISBN : 9782916136073
ISBN ebook : 9782373850208
Collection : La Grande Collection
Domaine : Italie
Période : XIXe siècle
Pages : 224
Parution : 2 mai 2007