Ils marchent le regard fier
Marc Villemain
Et si la colère venait non pas des jeunes, mais des vieux ?
Et si les vieux décidaient un beau jour d’en finir avec un monde qui les marginalise et attend qu’ils s’éteignent en ruminant le passé devant leur poste de télévision ?
Et si les vieux se levaient et entreprenaient tout à coup de chambarder l’ordre du monde ?
Marie et Donatien — lui qu’on appelle « le Débris » —, sont de ces vieux qui vont mener la charge. Deux amants sages, las, pacifiques, n’éprouvant rien de l’antique peur de mourir mais bien désireux de partir la tête haute et de laisser derrière eux un monde pas trop ingrat. Julien, leur fils, a choisi son camp, celui d’une jeunesse en rupture d’histoire, pour entonner la rengaine de l’avenir. Entre eux, le fossé de la révolte.
Le narrateur, ami d’enfance de Donatien, raconte, avec ses mots arrachés à la terre, les minutes de cette improbable insurrection, de cette force tranquille que Donatien aura tenté de ragaillardir jusqu’à l’impensable — et jusqu’au drame.
Marc Villemain est né en 1968. Il est l’auteur de Le Pourceau, le Diable et la Putain (Quidam Éditeur), de Et que morts s’ensuivent (Le Seuil), Grand Prix SGDL de la nouvelle en 2009, de Et je dirai au monde toute la haine qu’il m’inspire (Maren Sell Éditeurs), et de Monsieur Lévy (Plon). Il est également critique littéraire.
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Sabeli, Le Petit Carré jaune
Marc Villemain nous offre un roman qui ne peut nous laisser de marbre. C’est un uppercut, une révolte, un lancement de pavés dans notre société où tout est fait pour...
Marc Villemain nous offre un roman qui ne peut nous laisser de marbre. C’est un uppercut, une révolte, un lancement de pavés dans notre société où tout est fait pour laisser la place à un jeunisme, à l’artifice, à ce besoin de consommation forcenée, à l’humiliation, à l’écrasement des autres. C’est un coup de poing en pleine face, une claque magistrale, une remise en question de nos beaux principes. Bref c’est une leçon d’humanité, une leçon d’amour, un vrai regard sur nos seniors, ceux que l’on ne voit pas ou n’entend pas, ceux qui sont invisibles.
Ils marchent le regard fier, c’est un coup de gueule. Mais pas n’importe quel coup de gueule. Un coup de gueule emprunt d’une douceur, d’une beauté littéraire, d’un phrasé qui a cessé d’être en usage, suranné, d’une lumière de fin de journée, d’un début de journée près des bêtes qui sont dans l’étable. C’est un ensemble de mots que nous n’entendons plus, un ensemble de mots de ceux que nous nommons les taiseux, ceux qui ne s’expriment pas ou peu, ceux qui sont mis à l’écart, au rencart, dans les fossés boueux de nos campagnes, dans les caniveaux de nos villes. C’est un roman, un qui se rangent dans l’étagère de nos bibliothèques et qui se transmet de génération en génération. Un de ceux que nous laissons en évidence pour que nos enfants le découvrent à l’âge requis, à l’age où eux aussi se poseront la question de la place et du regard de leurs parents sur leur vie, sur nous.
Et l’histoire me direz-vous : et bien il y a des livres que je n’ai pas envie de résumer. J’ai juste envie de vous amener à le lire, à vous interroger, à vous organiser, vous assembler, nous rassembler dans un monde où nos anciens deviennent indésirables, où le questionnement de la vieillesse se pose. Il faut dire que le monde ne laisse guère de place aux anciens et que être vieux de nos jours restent une gageure. Car il faut être jeune pour être vieux, être sportif, svelte, en pleine santé mentale, morale, physique. À bas les déchets, à bas les débris, à bas les cloportes et les grabataires.
Mais en fait si nos vieux se révoltaient contre cette société qui les met au rebut, au placard. Si nos vieux se regroupaient, s’organisaient pour préparer une révolution, une riposte à coup de cannes, de déambulateurs, à montrer la force qui les caractérise et cet amour qui les anime. Car Ils marchent le regard fier c’est aussi cela, un livre remplit de gestes, de regards, de tendresse, d’affection pour l’être aimé, pour les proches. Celui ou celles avec qui nous partagerons, peut-être, la fin de notre vie. Celui ou celle avec qui nous avons des enfants qui grandissent. Celui ou celle avec qui nous partageons les coups rudes et les jours heureux… Ils marchent le regard fier de Marc Villemain, c’est un manifeste. Oui c’est cela un manifeste et c’est peut-être un des plus beaux romans sur le fil de l’amour, sur une drôle d’époque, sur les blessures existantes, les drames et nos regards qui se tournent à la vue de ces vieux laissés dans les caniveaux, les fossés.
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ISBN : 9782916136592
Collection : La Grande Collection
Domaine : Littérature française
Période : XXIe siècle
Pages : 96
Parution : 20 mars 2013