La Jument de Socrate
Elisabeth Laureau-Daull
Athènes. Socrate vient d’être condamné à boire la ciguë après un singulier procès. L’aube se lève sur sa dernière journée. Ses amis affluent de toute l’Attique pour faire leurs adieux au penseur. Seule la voix pleine de colère de Xanthippe – sa femme au mauvais caractère légendaire – s’élève : « Les Athéniens comprendront, les Athéniens se réveilleront ! Mais ce n’est pas demain qu’il faut les réveiller, c’est aujourd’hui. » Pour tenter de réhabiliter et de sauver son mari de près de quarante ans son aîné, père de ses trois enfants, elle se lance donc dans une course effrénée dans les rues d’Athènes – et dans ses souvenirs.
Selon le principe de l’unité de lieu, d’action et de temps, ce roman raconte, en mêlant histoire et fiction, l’entêtement d’une véritable héroïne de tragédie, et fait de Xanthippe une femme d’aujourd’hui.
Elisabeth Laureau-Daull vit à Paris où elle a enseigné les lettres et la philosophie.
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Gérard Guégan, Sud-Ouest
Une fois qu’on a lu La Jument de Socrate, lu sans en sauter une seule ligne, on est bien incapable de dire ce qu’il y a de vrai ou d’invraisemblable dans ce court : roman d’Elisabeth Laureau-Daull. Qu’importe d’ailleurs, puisqu’on a été, tout du long, incapable de la moindre réserve. Le sujet, bien sûr, n’y est pas étranger. À quelques heures de la mort de Socrate, condamné à boire la ciguë, son épouse, Xanthippe, qui refuse la sanction, décide de changer le cours du destin. Ce sera, nous le savons, une tentative vouée à l’échec, car le philosophe, qui n’a jamais écrit un traître mot, doit mourir, et mourra, sans doute pour avoir eu la langue bien pendue. Mais qui donc, alors, est cette jument à laquelle l’« accoucheur de vérités » se voit ici associé ? Eh bien, c’est Xanthippe dont le nom grec se traduit par « jument jaune ». Platon, le disciple, la comparera à une encombrante pleurnicheuse, voire à une mégère. On l’a cru, et on se trompait. Lourdement.
Sous la plume, mieux attentionnée, et autrement subtile, d’Élisabeth Laureau-Daull, Xanthippe se révèle être un tout autre personnage. « Elle a 37 ans, Socrate en a 70. Il pourrait être son père. Il est ridé et blanchi mais, pour un sage, ça ne tire pas à conséquence. Pour elle, les années ont compté double. Allez donc, sans dommages, élever trois petits en vous inquiétant chaque jour de leur subsistance dont le père n’a aucun souci. »
Grâce à ce rapide exposé, le lecteur pressent que ce qui va suivre ne ressemblera pas à une de ces imitations de l’antique si souvent exaspérantes. Pas de ça avec Élisabeth Laureau-Daull. Fuyant les tournures alambiquées et les sentiments empesés, elle n’est pas sans nous rappeler un illustre prédécesseur, Jean Giono, et sa Naissance de l’Odyssée. Elle aussi, elle possède cette liberté de ton qui est l’apanage des écrivains se souciant avant tout d’être au plus près du motif. Si bien, répétons-le, qu’on dévore sa prose.
Nathalie Peyrebonne, Le Canard enchaîné
Socrate avait une femme, passée à la postérité comme « Xanthippe la mégère, la plus désagréable des Athéniennes ». Étiquette sans doute injuste, suggère Elisabeth LaureauDaull.
Athènes, « cette ville souriante où l’on tue la sagesse », vient de condamner le vieux sage : les juges ont voté la ciguë, et on assiste ici à sa dernière journée. Xanthippe, « plus délirante qu’une bacchante,(…) écume et s’échevelle ». On la comprend : elle veut sauver son « vieux fou» et « enrage d’avoir hérité du destin de la femelle quand tout ou presque est mâle en elle »· Xanthippe « parle comme on aboie » et Socrate l’a toujours laissée faire : « On disait que, sur l’Olympe, Zeus traitait Héra de buse et savait la faire taire. Ce n’était tout de même pas compliqué, il n’avait qu’à faire pareil ! » Mais c’est qu’« être femme est sans conteste une malédiction. Peut-être même une sanction », « comment vivre quand on ne se résigne pas à être une banale Athénienne, fille de… , femme de… , mère de… ».
Protester, toujours et encore. Une mégère ? Non, une âme forte, qui se bat.
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ISBN : 9782373850512
ISBN ebook : 9782373850697
Collection : La Grande Collection
Domaine : Littérature française
Période : XXIe siècle
Pages : 128
Parution : 20 avril 2017