Le Film du peuple
Christel Périssé-Nasr
Ouvrage publié sous la direction de Marc Villemain
« Pendant qu’elle caresse ses piécettes, dans son dos, sur le mur de sa chambrette, se projette le film dans lequel n’importe quelle autre aurait tout aussi bien joué son rôle. Défilent les siècles de flambeaux qu’on se passe au village de turne à turne, de tante à nièce, défilent les familles menant les enfants domestiques au coche, leur petite tête serrée dans un fichu ou perdue sous une casquette. »
Le Film du peuple, c’est la somme des histoires que les familles se transmettent de génération en génération et dont elles taisent les secrets, les hontes et les reniements. C’est l’arbre généalogique du mérite et de la soif d’embourgeoisement, le spectacle immémorial et acide du désir d’arriver. Du destin ancillaire de Fanette à celui, littéraire, de Camille, c’est le roman implacable sur six générations de la petite fabrique des déterminismes sociaux.
Au fil des pages • Jeanne Orient
« Au départ, j’avais envie de travailler autour de la banalité du mal, les petits crimes de tous les jours, la version euphémisée du mal. En littérature, il y a beaucoup d’affreux méchants avec du panache, mais la petite méchanceté quotidienne est moins travaillée »
« Le film du peuple de Christel Périssé-Nasr s’ouvre sur la fin du XIXe siècle. Fanette, qui officie comme bonne dans un château de campagne, se confronte à sa pénible condition de fille-mère, d’une petite Cécile bientôt surnommée « la bâtarde ».
Le discrédit est tel qu’il hantera la famille sur cinq générations, jusqu’à fonder le mythe familial: celui d’une hypothétique ascendance aristocratique.
Chaque maillon de la chaîne générationnelle va cultiver ce même désir de s’extraire de la gangue populaire et de gravir les marches de la réussite.
Un film, c’est d’abord ce que chacun se raconte – ou a besoin de se raconter. Le Film du peuple, c’est la somme de toutes ces histoires que les familles se transmettent de génération en génération, ces histoires dont elles savent taire savamment les secrets, les hontes et les reniments.
C’est l’arbre généalogique du mérite et de la soif d’embourgeoisement, le spectacle immémorial, amer et acide du désir d’arriver, la description par le menu de ce que l’on désigne parfois par l’expression « transfuges de classe ». C’est une lecture implacable de la petite fabrique des déterminismes sociaux. »
Et quelle écriture pour raconter tout cela. Au scalpel…!
ISBN : 9782373853162
Collection : La Grande Collection
Domaine : Littérature française
Période : XXIe siècle
Pages : 112
Parution : 13 mars 2025