Les Choses de la nuit
Céline Righi
Ouvrage publié sous la direction de Marc Villemain.
Trompettiste à la renommée internationale, Henry Dawnson a connu les rigueurs de l’Amérique de la Grande Dépression aussi bien que les heures glorieuses de Saint-Germain-des-Prés, quand Boris Vian et Jean-Paul Sartre y célébraient le jazz. Jusqu’à une funeste soirée qui l’obligea à abandonner son instrument.
Une nuit d’automne, roulant vers l’océan afin d’y fêter à sa manière son cinquantième anniversaire, Henry se repasse le film de son existence. Car une vie sans musique en vaut-elle encore la peine ?
Née en 1973, Céline Righi, petite-fille de mineurs, réside entre Strasbourg et sa maison en bois des Vosges. Professeur de Lettres modernes, elle quitte l’Éducation nationale en 2018 pour se consacrer entièrement à ses activités d’écriture. Chanteuse et parolière, elle prête sa plume à de nombreux artistes. Elle anime des ateliers d’écriture destinés aux enfants, aux adultes et aux personnes âgées, et intervient également auprès des détenus de la Maison d’arrêt de Strasbourg. En septembre 2021, elle remporte à l’unanimité le Grand Prix du Jury du concours « Lire pour en sortir », parrainé par Leïla Slimani.
Libération
Trompettiste de jazz reconnu, Henry Dawnson, victime d’un accident bête et cocasse à pleurer, se retrouve amputé de la main. Sentence de mort pour qui navigue entre rythmes et nuances, de sotto voce à fortissimo. Le livre cueille Henry douze ans après l’amputation, lors d’une nuit au volant de sa voiture, alors qu’il se remémore les étapes d’une existence tourmentée et qu’il a décidé de se noyer. Un homme, une voiture. Comme dans Berline son précédent roman, Céline Righi utilise le véhicule comme la barque de Charon pour un voyage initiatique vers une mort possible. Ironiquement à l’envers des « choses de la vie », Les Choses de la nuit pénètre dans la noirceur des êtres, mais le récit porté par une langue rageuse et une autodérision destructrice laisse aussi passer comme un miracle des rayons de franche lumière.
Le Républicain Lorrain • Magalie Delle-Vedove
Celine Righi : un deuxième roman qui tient promesse
Après le succès en 2023 de Berline aux Éditions du Sonneur, la romancière lorraine Céline Righi revient pour la rentrée littéraire avec Les Choses de la nuit. Attendue au livre sur la place, elle confirme son talent en proposant un bout de route avec Henry Dawnson, un trompettiste de génie amputé, dès les premières pages, d’une main.
Chanteuse, parolière, professeure de français et romancière. Les mots sont le dénominateur commun ?
C’est vrai. J’ai un rapport particulier aux mots. Depuis que je suis petite, ils me procurent de la joie. À la maison quand j’étais enfant, on écoutait, Brassens, Trenet, Boby Lapointe. Je m’amusais à faire des rimes, je suis sensible à la musicalité. Mais j’ai eu du mal à passer à l’écriture parce que je me suis passionnée pour les grands auteurs. J’ai tellement d’admiration pour les grands écrivains que cela a perturbé mon envie d’écrire. Il a fallu que je me libère de mes peurs. Et puis un jour, je me suis dit, « vas-y, écris, on verra ». J’ai vite compris que l’écriture est un travail. C’est presque de l’artisanat, il faut tailler, raboter, ciseler. Ce travail me procure une joie d’enfant. J’écris des paragraphes, j’assemble avec le même plaisir que celui que j’éprouvais en faisant des puzzles. Les mots ont du pouvoir, je le constate quand j’anime des ateliers d’écriture. Je ne parlerai pas de thérapie ou de guérison, mais je dirais qu’ils sont un baume qui peut aider à traverser les tumultes. En tout cas, je conçois l’écriture comme ça. Écrire, c’est le chemin que j’ai choisi pour traverser l’existence et me protéger d’un monde parfois brutal. C’est à la fois un refuge et un espace de jeu.
Berline, votre premier roman, a eu un beau succès d’estime. Ce n’est pas paralysant de se dire « il faut que je fasse au moins aussi bien » ?
On parle souvent du cauchemar du deuxième roman. Avec Berline, j’ai en effet eu la chance d’avoir un bel accueil. Le roman a reçu quatre prix. J’ai sillonné les routes de France pour aller dans des librairies, des festivals. J’ai voyagé jusqu’au Québec. L’accueil de mon deuxième roman Les choses de la nuit démarre bien. J’ai eu plusieurs coups de cœur de libraires et de bons retours de lecteurs et de lectrices. Ils se sont attachés à Henry comme ils s’étaient attachés à Fernand. Je me dis que c’est de bon augure. Bien sûr, je suis fébrile depuis la parution. J’ai envie que ce livre trouve son public parce que j’ai envie de reprendre la route et d’aller à la rencontre des lecteurs. Je ne peux pas dire que j’ai été paralysée avant d’écrire. Dans la mesure où j’écris par nécessité, le fait que ce roman existe, c’est déjà une victoire. Oisons que s’il a du succès, ce sera un super bonus.
Les deux romans sont différents, mais il est question de deux héros empêchés. Ce thème vous inspire ?
Sans doute. Peut-être aussi que les deux romans rappellent chacun à leur manière que la vie vaut la peine d’être vécue. Ce que je mets en avant, c’est l’impermanence de l’existence. Tout peut s’arrêter à n’importe quel moment. J’ai choisi d’appeler mon deuxième roman « Les Choses de la nuit » pour le clin d’œil au roman de Paul Guimard, Les Choses de la vie. C’est l’histoire d’un homme qui vit sa vie à moitié. Suite à un accident de voiture tout s’arrête, mais il est trop tard. Dans mon second roman, Henry a le sentiment, après une enfance difficile, qu’en découvrant la trompette et le succès, sa route sera aplanie. Mais il n’en est rien. Nous ne sommes à l’abri nulle part. Et puisque la vie peut être bouleversée à tout moment, alors essayons de vivre pleinement le moment présent.
C’est finalement un « carpe diem », l’idée qu’après l’ombre, on peut trouver fa lumière ?
Ce qui est certain, c’est qu’on n’a rien trouvé de mieux que l’obscurité pour révéler la lumière. Dans la vie, ça fait partie du jeu de passer de moments de bonheur à des moments où on est malmenés émotionnellement et inversement. On peut lire mon roman de deux façons. C’est l’histoire d’un homme qui prend la route la nuit parce qu’il a décidé que sa vie ne valait plus de la peine d’être vécue. Mais on peut aussi voir dans cette route un chemin initiatique qui va permettre à Henry de voir les choses autrement, de sortir de sa noirceur. C’est la condition humaine. On tente de se débrouiller avec une existence qu’on essaie d’apprivoiser.
ISBN : 9782373853032
Collection : La Grande Collection
Domaine : Littérature française
Période : XXIe siècle
Pages : 160
Parution : 14 août 2024