Moi et Castro
Errol Flynn
Préface et traduction de l’anglais (États-Unis) par Thierry Beauchamp
Acteur magnifique au sourire ravageur et à la réplique cinglante, Errol Flynn (1909-1959) se rêvait un destin d’écrivain et de journaliste.
Dans Moi et Castro et Ce qui m’est réellement arrivé en Espagne, il se fait reporter de guerre, sur fond de révolution cubaine et de Guerre civile espagnole. Ces deux textes, inédits en français, éclairent un aspect de sa personnalité – son addiction aux émotions fortes – et offrent un témoignage inattendu sur ces événements marquants de l’histoire du XXe siècle.
Errol Flynn (1909-1959) fait partie des monstres sacrés du cinéma : il demeure à jamais le héros magnifique, au sourire
ravageur, à la réplique cinglante, de L’Aigle des mers, Captain Blood, Gentleman Jim et Robin des Bois. Si les cinéphiles
se souviennent avec nostalgie de ses films et de son autobiographie, Mes Quatre cents coups, l’une des plus drôles et
des plus délirantes du genre, ils sont peu nombreux à savoir qu’Errol Flynn se rêva un destin d’écrivain.
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Eric Neuhoff, Le Figaro
Errol Flynn, une plume trempée dans le rhum
L’acteur bondissant s’est mué en journaliste le temps de deux reportages, à Cuba et en Espagne. Un recueil fait découvrir ses articles.
Errol Flynn était un cachottier. L’enfant terrible de Hollywood rêvait d’être écrivain. Il s’y employa tout au long de sa vie, publia un récit (Princes de la bourlingue) et un roman (L’Épreuve de vérité), signa une autobiographie (Mes 400 coups). Le reportage le tentait. Les conflits l’excitaient. C’était autre chose que les plateaux de cinéma. Deux de ses articles en apportent la preuve. En 1937, la star alcoolique se rend dans une Espagne plongée dans la guerre civile. Les obus pleuvent sur Madrid. À l’hôtel Florida, l’acteur veut changer de chambre. Peine perdue : le meilleur endroit de l’établissement demeure la cave, à l’abri des bombardements. Le journaliste dilettante s’acoquine avec un drôle de personnage, vaguement espion nazi, et essaie de ne pas recevoir une balle perdue. Son humour ravageur résiste au pilonnage. Dans les rues, les passants l’abordent : « Comment ça se fait que vous paraissiez si jeune dans vos films et si vieux en réalité ? » À l’étranger, la nouvelle de sa mort se propage. Il découvre ça en rentrant à Paris et s’excuse auprès de ses interlocuteurs tout surpris.
En 1959, il prend la direction de Cuba avant la chute de Batista. Il connaît l’île pour s’y être ancré avec son yacht et en avoir écumé les casinos (à son bras, son épouse, la minuscule Lili Damita, surnommée « le plus joli piment rouge de Hollywood » - « trop pimentée pour moi », commente le mari).
La secrétaire au revolver
Rencontrer Castro relève du parcours du combattant. L’insurgé se cache. Flynn, qui n’arrive pas à mettre la main sur un coiffeur parce que les rebelles ont juré de ne pas se couper les cheveux avant la chute du dictateur, tombe sur la secrétaire de Fidel, Cella Sanchez. Son œil repère d’abord ses mensurations. 90-60-90, à vue de nez. Il remarque ensuite le revolver calibre 32 qu’elle arbore à la ceinture. Avec Castro, ils sympathisent immédiatement. Il faut dire que Captain Blood n’y va pas par quatre chemins. « Écoute, mon pote, dis-je dans mon espagnol limité, ça te dérange si, de temps en temps, je prends une lichette du délicieux vin de ton pays (le rhum) pour rendre un peu plus viable cette situation révolutionnaire ? » On se croirait presque dans une séquence de L’Aventure, c’est l’aventure. Tout cela est-il à prendre pour argent comptant ? Peu importe. Le plaisir est au rendez-vous. « Je n’arrive pas à écrire sur moi-même parce que je me mens à moi-même. Je ne me rends pas compte que ce sont des mensonges parce que j’y crois. » Alors vivent les mensonges, s’ils sont d’Errol Flynn.
Vincent Malausa, Les Cahiers du cinéma
Sait-on assez que « le plus fieffé menteur d’Hollywood » fut un aventurier digne de ses personnages de Capitaine Blood ou d’Aventures en Birmanie ? Ce petit ouvrage reproduit deux articles publiés par Errol Flynn pour des gazettes de l’époque, l’une en 1937 après un voyage dans l’Espagne en pleine guerre civile, l’autre en 1959 suite à sa rencontre avec Fidel Castro en pleine jungle. Ces deux articles mettent en scène l’acteur dans une truculence fleurie qui ne convainc évidemment pas par sa rigueur journalistique ou sa fiabilité historique. Le portrait d’un Casto potache en jeep rouge, les figures farcesques (Pedro le chauffeur dont la conduite évoque les cascades du Carpentier de P’tit Quinquin en pleine jungle cubaine), l’improbable compère de l’acteur en Espagne Hermann Erben (jugé plus tard pour l’intelligence avec les nazis), tout cela participe d’un romanesque qui vaut moins comme prolongement fantasmé de la filmographie de Flynn que comme reflux de son identité profonde : non pas celle de la star irlandaise qu’il feignait d’être – l’une de ses plus hilarantes impostures – mais celle du natif de Tasmanie qui, dans sa jeunesse, explora des contrées improbables, mi-baroudeur colonial mi-charlatan en haillons, notamment dans les jungles mythiques de la Nouvelle-Guinée. Il y a dans le détachement flamboyant et carnavalesque de certaines descriptions – bombardement sur le front de Guadalajara ou coup de foudre dans un aéroport de cambrousse – un style écorcheur qui fait boire chacune de ces pages comme autant de gorgées brûlantes de rhum.
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ISBN : 9782373850956
ISBN ebook : 9782373851755
Collection : La Petite Collection
Domaine : Littérature étrangère, États-unis
Période : XXe siècle
Pages : 120
Parution : 17 janvier 2019