Ni loup ni chien
Kent Nerburn
Traduction de Charles Pommel • Préfaces de Robert Plant et Kim Pasche • Dessins de Baudoin
Ouvrage publié avec le concours du Centre national du Livre
Je décrochai le téléphone à la seconde sonnerie. J’entendis de la friture sur la ligne avant que la voix ne lance :
– Vous êtes Nerburn ?
C’était une femme. Je reconnus le ton saccadé d’un accent indien.
– Oui, répondis-je.
– Vous ne me connaissez pas, continua-t-elle, sans même donner son nom. Mon grand-père veut vous parler.
Dan, vieil Indien de la tribu des Lakotas, contacte l’écrivain Kent Nerburn pour l’entraîner dans un road trip au cœur de l’Ouest américain. Au gré des kilomètres et des rencontres, Dan livre son histoire et celle de son peuple, au-delà des mythes et des stéréotypes.
Empreint de douleur, teinté d’humour, Ni loup ni chien est le dialogue entre ces deux hommes, qui luttent pour trouver une voix commune. Un document sans concession sur la culture amérindienne et sur la façon – violente et vorace – dont les États-Unis se sont construits.
« Le travail de Kent m’a accompagné et continuera de le faire, extraordinaire et à jamais précieux. Au milieu de la confusion des temps modernes, il donne voix à l’éblouissant esprit d’un peuple magnifique. »
Robert Plant
Kent Michael Nerburn est né en 1946 à Minneapolis, dans le Minnesota. Il a fait des études d’histoire américaine à l’université de Stanford, puis à celle de Berkeley. Il a publié plus d’une quinzaine de livres – des essais ainsi que des ouvrages de creative non fiction – sur la culture amérindienne et américaine. Il a remporté le Minnesota Book Award en 1995 pour Ni loup ni chien, qui est aujourd’hui au programme de nombreux cursus universitaires d’histoire aux États-Unis. Nerburn a fondé et dirigé le Project Preserve, un projet d’histoire orale dans la réserve ojibwée de Red Lake, dans le nord du Minnesota.
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Télérama • Laurent Rigoulet • TTT
Dans les années 1990, un vieil Indien lakota confie l’histoire des siens à un écrivain blanc. L’ouvrage culte né de ces échanges est enfin publié en France.
L’histoire n’est pas écrite. Ou alors très mal, pense Dan, un doyen de la tribu des Lakotas qui convoque Kent Nerburn, un écrivain du Minnesota, pour lui conter la saga et les combats de son peuple et lui enjoindre d’en tirer un livre sincère. À l’époque où il entame l’écriture de Ni loup ni chien, au milieu des années 1990, Kent Nerburn approche de la cinquantaine, il est blanc et s’intéresse de près à la culture des Indiens d’Amérique, dont il a posément recueilli la parole pendant des années. Il apprécie chez eux l’absence de frontières entre le sacré et le profane, la divinité en toute chose, et il sait se faire apprécier en retour pour sa discrétion, sa ténacité et la qualité de son écoute. Ni loup ni chien fait ainsi le récit d’un long périple dans les réserves indiennes où les regards se croisent et aux deux hommes cherchent à se libérer de leurs préjugés. Au bout du chemin, quand il a confié le vécu et les croyances des siens, Dan l’Indien dit à l’écrivain : « Ainsi je te fais don de ma vision, à toi qui n’en connaît qu’une […]. Écoute les pierres, écoute le vent. Fais ce que tu dois faire pour trouver les voix qui vont te parler et partager leurs mots. » Mission accomplie. Enfin traduit, Ni loup ni chien est un livre culte en Amérique, à tel point qu’il s’est découvert des adeptes prosélytes, comme Robert Plant, le chanteur de Led Zeppelin, qui ne manque jamais une occasion de vanter la subtilité avec laquelle Kent Nerburn s’aventure à la frontière entre deux mondes : « Il a côtoyé ces gens pendant assez longtemps pour exprimer ce qui me trouble et me fascine sans que je puisse le nommer. »
Rolling Stone • Philippe Blanchet
Voyage à travers champs, dans les plaines infinies du Midwest, avec un vieil Indien lakota plein de sagesse et d’humour.
« Le long de l’autoroute, annoncées au loin par d’énormes silos à grains ou des clochers d’église, défilaient de petites villes discrètes, isolées, tranquilles.
La radio s’éveillait, puis se faisait silencieuse, proposant des plages de rock ou de musique classique, avant de disparaître au milieu des parasites. Je passai de la F.M. à l’A.M. Rapports fermiers, publicités locales pour quincailleries, promotions sur râteaux, engrais et fourrage.
Je vérifiais et marquais ma progression sur une carte. Les réserves y étaient représentées par de simples carrés presque incolores entourés de pointillés. J’essayais d’imaginer une Amérique vue depuis ces petites îles perdues au milieu d’une mer de villes et de fermes envahissantes. »
Tout commence par un coup de fil longue distance. Un Indien lakota, Dan, contacte par l’intermédiaire de sa petite-fille (lui ne touche pas au téléphone) un certain Kent Nerburn, universitaire et auteur de plusieurs ouvrages sur la communauté indienne. Le vieillard veut absolument lui parler et lui demande de venir le voir, dans sa réserve perdue au milieu des grandes plaines du Dakota. Quelques mois plus tard, Nerburn débarque en face d’une petite cabane en planches, devant laquelle une bagnole sur cale sert de niche à une vieille chienne. Dan, le visage fendillé et ridé, ses longs cheveux gris attachés en queue-de-cheval, lui demande d’écrire sur sa vie, et lui sort une liasse de feuilles volantes et de notes gribouillées sur des morceaux de serviettes en papier ou au dos d’enveloppes. Nerburn prend alors conscience de là où il vient de mettre les pieds : « Au bout de deux pages, je sus que j’étais en présence de quelqu’un d’extraordinaire. Le vieil homme n’était ni le cinglé redouté ni le chroniqueur espéré. C’était un penseur pur et simple, qui avait scruté longuement et impitoyablement le monde qui l’entourait. » Flanqué de sa vieille chienne et d’un ami d’enfance, Dan embarque alors l’écrivain dans un étonnant road trip à travers prairies et champs, au cœur de l’Ouest américain, au volant d’une vieille Buick verte aux amortisseurs subclaquants, et lui raconte, au gré du voyage, son histoire et celle de son peuple.
Ce livre (paru aux États-Unis en 1995, adapté à l’écran en 2016, et enfin aujourd’hui publié en France) est un document sur la culture amérindienne qui ne ressemble à aucun autre, un témoignage exceptionnel et extrêmement émouvant sur la vie quotidienne, l’histoire et la spiritualité indiennes qui bouscule allègrement, parfois avec un humour plein de finesse, tous les clichés liés aux sujets. Robert Plant ne s’y est pas trompé. Lors d’une tournée américaine en 2017, en duo avec Alison Krauss, le chanteur de Led Zep tombe par hasard sur un exemplaire de Ni loup ni chien dans une librairie de Denver, Colorado, et glisse le bouquin dans ses bagages. C’est depuis un de ses livres de chevet. « Le travail de Kent m’a accompagné et continuera de le faire, extraordinaire et à jamais précieux, confie-t-il dans une préface à cette édition. Au milieu de la confusion des temps modernes, il donne voix à l’éblouissant esprit d’un peuple magnifique. » Un grand livre pour l’été.
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ISBN : 9782373852776
Collection : La Grande Collection
Domaine : États-unis
Période : XXIe siècle
Pages : 448
Parution : 17 mai 2023