Requiem des aberrations
Yves Gourvil
Un vieil entrepôt crapoteux en banlieue nord de Paris, que le narrateur découvre à l’invite de son meilleur ami, Moïse Chant-d’Amour. À la faveur d’un très gros héritage à venir, celui-ci lui annonce qu’il compte transformer ce lieu insalubre en parc d’attraction voué à l’opéra et à la musique classique. L’affaire paraît insensée. Et pourtant, dans ce dépotoir où rien n’arrive jamais, tout semble vouloir être possible, y compris qu’un squat de clandestins et de sans logis cosmopolites y élise domicile, qu’une chorale y chante du Wagner et du Schubert, qu’un jeune Africain y découvre ses talents d’équilibriste, qu’un SDF y fasse pousser le potager de ses rêves, qu’un crime vieux de trente ans y soit élucidé, qu’un anarchiste forcené y trouve la foi, qu’un jeune immigré considéré comme l’idiot du village se révèle le plus grand contreténor de son temps…
Au gré de toutes ces situations insolites, Yves Gourvil livre un récit trépidant, tout au long duquel burlesque et tragique se mêlent, portés par une palette de personnages hauts en couleur.
Né en 1950, Yves Gourvil est comédien et metteur en scène. Serait-ce le compagnonnage de tant de grands textes et personnages rencontrés de scènes en scènes qui l’a conduit à l’écriture ? Requiem des aberrations est son premier roman.
Coup de cœur de la librairie Calligrammes (La Rochelle)
A priori, on se dit qu’un parc d’attraction dédié à Wagner a peu de chances d’enthousiasmer les foules. Et pourtant… Pour ce premier roman plein d’originalité, Yves Gourvil a choisi ce curieux décor et nous donne furieusement envie d’aller y faire un tour…
Wagner, Bach, Schubert, Verdi, mais aussi Nino Rota et Yves Montand : la bande son qui rythme les pages de ce premier roman d’Yves Gourvil est pour le moins éclectique. Elle est surtout loin d’être anecdotique, tant la musique (classique, pour l’essentiel) est un personnage à part entière de ce récit fantasque et diablement inventif. Car c’est bien pour célébrer l’opéra et les grands compositeurs que le héros de cette histoire se lance dans un projet fou auquel il va malgré tout, grâce à un gros héritage, donner le jour : il a en effet l’idée de créer, dans un coin mal famé et peu engageant de la banlieue nord parisienne, un parc d’attraction. Pourquoi pas, pourrait-on penser, quand on constate au succès de Disneyland. Sauf qu’ici, pas de « Space mountain » ou de « Pirates des Caraïbes » pour attirer les foules, mais bien des animations dédiées à Wagner & Co. Autant dire que ce n’est pas gagné. C’est en tout cas ce que pense le narrateur lorsque Moïse Chant-d’Amour (sacré nom !) lui résume son projet. Et pourtant, de rencontres improbables en engouements collectifs, la sauce prend et des initiatives merveilleuses prennent corps, des amitiés se créent, des solidarités naissent entre tous les exclus qui se retrouvent dans cette espace en marge de la société de consommation, notamment une incroyable chorale… Pour son premier essai de plume, le comédien Yves Gourvil révèle une imagination débordante mais aussi un univers singulier. On se laisse porter par l’énergie vitale de ce récit chaleureux, et surtout on se sent très vite infiniment proche de ces personnages généreux et à l’humanité en bandoulière. Vif, drôle, tendre, parfois tragique dans sa peinture de la cruauté du monde contemporain, Requiem des aberrations est une épatante découverte.
Coup de cœur de la Librairie du Rivage à Royan
Quand Moïse Chant-d’amour lui présente son projet de parc d’attraction consacré à la musique classique, à l’opéra et à Wagner, son ami d’infortune (et narrateur) se demande vraiment si cette aberration n’est pas le fruit des dommages que le whisky aurait pu faire au cerveau du malheureux. La visite du lieu prévu pour son implantation ne fait que renforcer ce sentiment de panique : une friche industrielle au nord de Paris, abandonnée par les humains et désertée par les rats. Commence pourtant dans cet improbable Disneyland de la musique, une aventure humaine qui va regrouper un bel échantillon d’humanité, celle de la marge, sans papiers, SDF ou anarchistes revenus de tout. Et pour fédérer tout ce monde, une chorale au répertoire aussi divers que ses membres, de Bach à Wagner, de O solitude à la Butte rouge, sans oublier la Marie vison…
Elle a roulé sa bosse, elle a roulé carrosse
Elle a plumé plus d’un pigeon
La Marie-Vison…
Premier roman mené tambour battant, au titre évocateur, le requiem des aberrations pouvant s’interpréter comme la fin des illusions, ce livre est en fait un hymne à la l’amitié, la solidarité et à l’humanité. Hymne musical également car Yves Gourvil ne manque pas de nous livrer sa « playlist » que vous retrouverez sur le lien ci-dessus.
ISBN : 9782916136950
ISBN ebook : 9782373850444
Collection : La Grande Collection
Domaine : Littérature française
Période : XXIe siècle
Pages : 408
Parution : 17 mars 2016