Comment j’ai fait mon dictionnaire
Émile Littré
En 1841, l’éditeur Louis Hachette confie à Émile Littré (1801-1881) la rédaction d’un dictionnaire de la langue française, dont le dernier volume est imprimé en 1872. Dans l’intervalle, plus de 400 000 pages écrites, d’innombrables heures d’obstination, la succession de multiples collaborateurs — lexicographes, correcteurs, typographes, imprimeurs… —, sans compter la guerre franco-prussienne et la Commune. Comment j’ai fait mon dictionnaire n’est pas l’ode d’Émile Littré à sa propre gloire, mais le récit d’un travail titanesque, semé d’embûches, traversé de doutes, le témoignage d’un temps où un dictionnaire se rédigeait sur des petits bouts de papier qui, assemblés, ont fini par constituer l’immense œuvre que l’on sait.
Yves Desrichard, Bulletin des bibliothèques de France
Le récit fait par Émile Littré de l’immense aventure éditoriale et intellectuelle que fut la publication de « son » dictionnaire vaut autant par son style, délicieusement vieilli, que par son contenu. Il fallut un peu plus de treize ans, du 27 septembre 1859 au 4 juillet 1872, pour mener à bien l’entreprise, qualifiée plus tard et à raison de « monument national » : 415 636 feuillets, pour vingt-sept livraisons, étalées entre 1863 et 1872. Littré mêle avec franchise des considérations parfois triviales sur le mode de financement du projet, pour lequel il perçut de la part du clairvoyant M. Hachette des avances importantes, largement compensées (mais sur le long court) par le succès quasi immédiat et durable de l’ouvrage, et des propos sur les devoirs des auteurs à l’égard de leurs éditeurs dont la clairvoyance et la pertinence font parfois soupirer d’aise et de dépit le rédacteur en chef du Bulletin des bibliothèques de France. On mentionnera cependant que l’homme ne prisa guère la Commune, dont l’avènement, seul, interrompit son grand oeuvre pendant quelques mois, et qu’il fut sans remords de l’Assemblée nationale versaillaise. À noter que, eu égard au sujet, il faut saluer la délicate qualité de l’édition, et saluer comme il se doit les Éditions du Sonneur (et leur petite
grenouille), au catalogue résolument éclectique, d’Edith Wharton à Jack London, de Roger Vailland à Valery Larbaud.
Histoires littéraires
Ce tout petit livre — une conférence vivante et personnelle — contient l’épopée du Littré, depuis les hésitations du début jusqu’à l’épuisement victorieux de la fin.
Quelles furent les consignes de travail que s’imposa l’ascète, éditeur d’Hippocrate, biographe de Comte, bientôt député et contributeur au Journal des savants ? Comment mit-il ses précieuses notes à l’abri des incendies ? Comment réussit-il, avec sa fille, à identifier la provenance des citations que ses collaborateurs n’indiquaient pas ? Ce document est plein d’enseignements sur la lexicographie et procure une connaissance presque intime de ce positiviste — « saint laïque », selon Louis Pasteur — qui voua toute ses forces à l’auscultation des mots français et à l’établissement de leur hérédité.
ISBN : 9782916136264
Collection : La Petite Collection
Domaine : Littérature française
Période : XIXe siècle
Pages : 96
Parution : 21 mai 2010